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non-sens qui fait de la question sociale une simple question de réformes politiques ; enfin, c’est elle qui a donné aux ignorants de la nouvelle aristocratie allemande l’audace de présenter au Congrès socialiste international de Zurich, en 1893, une résolution socialiste ainsi conçue :

« La lutte contre la domination et l’exploitation de la classe dirigeante doit être politique et avoir pour but la conquête du pouvoir politique. »

Cette formule est la négation même du socialisme.

La puissance des classes dirigeantes s’appuie sur les richesses produites par le peuple et détenues par elles. Par conséquent, pour s’émanciper de leur domination, il faut que le peuple cesse de se laisser dépouiller par ces classes du produit de son travail. Il faut, comme disaient Owen et Thompson, que l’ouvrier retienne pour lui la plus-value. C’est non par une lutte politique qu’on la retiendra, mais par la lutte économique non par le bulletin de vote, mais par les grèves ; non par une comédie parlementaire, mais par une grève générale bien organisée et triomphante que le peuple pourra inaugurer une ère nouvelle, — l’ère de l’égalité économique et sociale, de solidarité éclairée par la lumière de l’instruction intégrale réellement scientifique et non métaphysique.

VI

Quelques opinions sur la concentration du capital.

Nous avons vu qu’en dépit de la loi imaginaire de la métaphysique allemande le nombre des exploiteurs augmente. Le nombre des défenseurs de l’ordre actuel, au lieu de se réduire à un « nombre décroissant de potentats du capital », a triplé de 1850 à 1886, par rapport à la population. Telle est la constatation qui résulte de l’examen des chiffres officiels fournis par les « Livres bleus ». Mais si nous consultons les ouvrages de spécialistes célèbres, tels que MM. Mulhall et Giffen, qui prennent une période de temps un