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moins profond et moins original que A. Smith, formulait en 1825 comme il suit le rôle des éléments économiques dans l’histoire :

« … Je ne tardai pas à m’apercevoir qu’il existait entre ces deux sciences (l’histoire et l’économie politique) des rapports tellement intimes qu’on ne pouvait les étudier l’une sans l’autre, ni les approfondir séparément. … La première fournit les faits ; la seconde en explique les causes… Je suivis pas à pas les grands événements… il n’y a jamais eu que deux partis en présence : celui des gens qui veulent vivre de leur travail et celui des gens qui veulent vivre du travail d’autrui… Patriciens et plébéiens, esclaves et affranchis, guelfes et gibelins, roses rouges et roses blanches, cavaliers et têtes rondes, libéraux et serviles — ne sont que la variété de la même espèce. »

L’économie politique explique les causes des événements historiques, dit Blanqui ; ses contemporains Mignet, Augustin Thierry, etc., disent de même. En Angleterre, J. S. Mill, dans son analyse du premier volume de l’Histoire de France par Michelet, en faisant la classification des écoles historiques, définit, avec sa lucidité habituelle, que l’histoire, comme science moderne, s’occupe des causes et des lois sociales et cosmiques qui régissent le développement de l’humanité (Dissertations et Discussions). — H. T. Buckle, dans la belle tentative qu’il fit de retracer l’influence des lois cosmiques, des conditions sociales et même de la nourriture dans l’histoire, dit que « l’accumulation de la richesse est un des premiers facteurs, et, sous beaucoup de rapports, un des plus importants » (p. 38. Voir aussi pages 48, 50 à 53.) Un contemporain de Marx et Engels, mais qui les ignorait complètement, T. Rogers, l’auteur du grand ouvrage : Six siècles de travail et de salaire, publia son volume de l’Interprétation économique de l’histoire, où il analyse toute l’histoire d’Angleterre au point de vue économique. — Peut-on appliquer l’épithète de matérialiste à aucun de ces savants de nationalités différentes ? Certainement non. Ils furent des savants, des cher-