Aller au contenu

Page:Tcherkesoff - Pages d’histoire socialiste, I, 1896.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 41 —

cheurs de la vérité ; ils appliquèrent la méthode des recherches scientifiques à l’étude de l’histoire et ne purent donner aux résultats de leurs travaux que le nom d’explication économique de l’histoire.

Comment est-il donc arrivé qu’Engels, écrivant spécialement pour les ouvriers qu’écrase un travail incessant et qui n’ont ni le temps ni les moyens de vérifier ses assertions, comment se fait-il qu’Engels appelât « matérialisme » ce que les savants appelaient économisme ? Pourquoi, au lieu de dire aux ouvriers : « Mes amis, la science tout entière démontre que le bien-être et le développement du genre humain est créé par votre travail, que l’avenir de l’humanité dépend de notre bonheur et des conditions favorables à notre activité productive (A. Smith), que, par conséquent, il est obligatoire pour la classe ouvrière de détruire au plus tôt l’organisation de l’État et des classes exploitrices et oppressives… » pourquoi, je le demande, au lieu de faire un exposé scientifique, a-t-il raconté de telles histoires aux braves et honnêtes gens qui le croient sur parole ? Et quel résultat obtient-on par cette méthode plus qu’étrange ? C’est ainsi que des politiciens, hommes sans scrupule, que leur ignorance complète rend incapables du moindre travail intellectuel, apprennent par cœur deux petites brochures d’Engels et une vulgarisation de Marx, puis se posent comme hommes de science. Une fois envoyés au Parlement par les ouvriers abusés dans leur bonne foi, ils déclarent que jamais avant eux le socialisme n’a été représenté au Parlement… Comme si jamais L. Blanc, Proudhon et autres n’avaient existé !

Mais quelle déception pour les gens honnêtes d’apprendre plus tard la mystification dont ils ont été victimes !

Je me souviens d’une discussion avec un social-démocrate, jeune homme possédant une bonne instruction et ayant beaucoup lu, mais, malheureusement, depuis quelques années complètement plongé dans les brochures et publications médiocres du parti, publications censurées par Engels ou par Auer. Mon interlocuteur m’avait lu sur un air triomphant, comme