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« des Erreurs et de la Vérité » l’avait charmée davantage, et c’est à lui qu’elle attribuait principalement sa conversion. Aussi rechercha-t-elle l’auteur, le recueillit chez elle, et se composa, toujours disputant avec lui, un petit système théosophique particulier, qui n’avait pas le sens commun. Je n’en citerai qu’un exemple : elle appliquait le fameux quaternaire du livre de Saint-Martin à la divinité, en qui elle prétendait qu’il y avait quatre personnes engendrées successivement : le fils du père, le Saint-Esprit du fils et Melchisédec du Saint-Esprit. Mais madame de la Croix était bien plus forte pour la pratique que pour la théorie. Son affaire principale était de combattre le diable et de guérir les maladies. Elle croyait comme le P. Gassner, dont elle faisait grand cas, que le diable est cause de presque toutes les maladies, lesquelles avaient toujours leur source dans quelque péché, qui avait soumis la partie malade aux influences du démon. Elle opérait par des prières et par l’imposition de ses mains arrosées d’eau bénite et de saint chrême… » (Gleichen). — « La marquise de la Croix, dit Matter, avait des dispositions mystiques qui se développèrent jusqu’à la mettre assez habituellement dans un état qui tenait le milieu entre la vision et l’extase, ce qu’on appellerait aujourd’hui un état de communication très familière avec les esprits. Saint-Martin raconte lui-même qu’elle avait « des manifestations sensi-