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Page:Teirlinck I., Le folklore flamand, vol. 1 - Folklore mythologique.pdf/32

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souvent des tours désagréables à l’apôtre naïf. Quelques exemples suffiront pour donner au lecteur une idée exacte de ces contes aimés, répandus dans toutes les localités du pays flamand.


le paysan avare[1].

Un jour, Notre-Seigneur et saint Pierre allèrent se promener. Et après avoir marché longtemps, ils eurent faim. Voyant devant eux une belle ferme, ils entrèrent et demandèrent à manger et à loger.

Mais le paysan n’eut aucune pitié et il les chassa comme on chasse des vagabonds.

À une portée d’arc demeurait une toute petite vieille mère. Ils s’y rendirent et frappèrent.

« Entrez ! »

« Ne pourrions-nous manger ici ? » demanda le Seigneur. « Nous mourons de faim ! »

« Je ne suis qu’une pauvre diablesse[2] ; mais je vais voir tout de même ! »

Elle chercha ; et, dans son garde-manger, elle trouva une croûte de pain sec. Elle la leur donna :

« C’est tout ! » dit-elle.

Le Seigneur et saint Pierre en mangèrent avec beaucoup d’appétit. Et puis le Christ demanda :

« Ne pourrions-nous dormir ici ? »

« Je n’ai qu’un pauvre lit ; mais ça ne fait rien ; prenez-le toujours ; je dormirai sur une chaise. »

Et ils allèrent dormir.

Dans le lit, à propos de rien, ils se disputèrent. Cela irrita la petite mère qui ne put fermer l’œil et qui cria :

« Voulez-vous bien vous taire, vilains tapageurs ? »

Mais ils ne cessèrent point. Et la petite mère saisit un

  1. Cette traduction, et toutes celles qui suivent, sont quasi-littérales.
  2. Een arme duvelinne !