souvent des tours désagréables à l’apôtre naïf. Quelques exemples suffiront pour donner au lecteur une idée exacte de ces contes aimés, répandus dans toutes les localités du pays flamand.
Un jour, Notre-Seigneur et saint Pierre allèrent se promener. Et après avoir marché longtemps, ils eurent faim. Voyant devant eux une belle ferme, ils entrèrent et demandèrent à manger et à loger.
Mais le paysan n’eut aucune pitié et il les chassa comme on chasse des vagabonds.
À une portée d’arc demeurait une toute petite vieille mère. Ils s’y rendirent et frappèrent.
« Entrez ! »
« Ne pourrions-nous manger ici ? » demanda le Seigneur. « Nous mourons de faim ! »
« Je ne suis qu’une pauvre diablesse[2] ; mais je vais voir tout de même ! »
Elle chercha ; et, dans son garde-manger, elle trouva une croûte de pain sec. Elle la leur donna :
« C’est tout ! » dit-elle.
Le Seigneur et saint Pierre en mangèrent avec beaucoup d’appétit. Et puis le Christ demanda :
« Ne pourrions-nous dormir ici ? »
« Je n’ai qu’un pauvre lit ; mais ça ne fait rien ; prenez-le toujours ; je dormirai sur une chaise. »
Et ils allèrent dormir.
Dans le lit, à propos de rien, ils se disputèrent. Cela irrita la petite mère qui ne put fermer l’œil et qui cria :
« Voulez-vous bien vous taire, vilains tapageurs ? »
Mais ils ne cessèrent point. Et la petite mère saisit un