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Page:Teirlinck I., Le folklore flamand, vol. 1 - Folklore mythologique.pdf/33

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manche à balai et commença à taper, à taper… Saint Pierre, couché devant, reçut tous les coups !

Quand la vieille fut partie, le saint dit :

« Sacré finaud !… Je suis devant et je reçois tous les coups !… Laissez-moi la place de derrière ! »

« Je veux bien ! » répondit le Seigneur.

Et une nouvelle querelle surgit, et la petite mère revint plus irritée.

« J’ai déjà donné une tripotée au premier. À l’autre maintenant ! »

Et elle frappa, elle frappa !… Mais ce fut encore saint Pierre qui reçut les coups.

Celui-ci se tint coi pour le reste de la nuit.

Le lendemain, les deux voyageurs remercièrent la bonne vieille et le Seigneur dit :

« Vous avez bon cœur et vous méritez une récompense : le travail que vous commencerez à faire demain, vous le ferez toute la journée ».

Et là-dessus, ils partirent.

Le lendemain, la petite mère devait aller à Renaix pour y faire un payement. Elle prit son bas dans lequel elle avait ses épargnes, et elle se mit à compter son argent afin de savoir si elle en avait assez.

Eh mais ! l’action de compter ne cessa point ! La petite mère compta toute la journée ! Représentez-vous l’énorme monceau d’argent qu’elle eut là devant elle !

Elle voulut mesurer sa richesse.

Et elle alla chez son voisin le paysan et demanda son muid (meuken)[1]. Elle mesura tout son argent et lorsque ce fut fini, elle rendit la mesure.

Cela parut drôle au paysan.

« Pourquoi devait-elle avoir mon muid ? »

Il l’examina et trouva, dans une fente, une pièce de monnaie.

  1. Une ancienne mesure de capacité pour les grains.