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« Notre chère Dame s’est reposée sur elle ! » disent-ils [1].


le petit verre de notre-dame.
(Onzer-Lieve-Vrouwen-glazeken).

Il y avait une fois un voiturier. Son chariot, trop lourdement chargé, s’était embourbé et l’homme avait beau fouetter ses chevaux, il ne parvenait pas à sortir du bourbier.

Notre chère Dame passa justement par là et, voyant les efforts du voiturier, elle cut pitié de lui et dit :

« Je suis lasse de marcher et j’ai soif ; donnez-moi un peu de vin à boire et je dégagerai votre chariot. »

« Très volontiers, bonne Dame ; mais je n’ai pas de verre pour y verser le vin ».

La Vierge ne répondit rien ; elle se retourna et cueillit, dans la baie, une blanche fleurette, qui ne ressemblait pas mal à un petit verre ; elle la donna au voiturier et dit :

« Versez votre vin dans ceci. »

L’homme remplit le petit verre jusqu’au bord et l’offrit à la dame :

« Que Dieu vous bénisse, ma bien chère Dame. »

La Vierge vida le petit verre et, au même moment, le chariot fut dégagé et le voiturier put continuer son chemin.

C’est depuis lors que cette blanche fleurette a reçu le nom de Petit verre de notre chère Dame[2].

  1. Joos, III, 128. Cette plante, très odorante, est le Thymus serpyllum L. Nos anciens auteurs flammands employaient déjà ce mot : Onzer-Lieve-Vrouwen-bedstroo. Jessen a : « Unser lieben Frauen Bellstroh, Marienbettstroh. »
  2. Convolvulus sepium L. = Liseron des haies. Oomen, 10 ; Rond den Heerd. C’est une jolie légende de la Flandre occidentale que l’on rencontre aussi chez Gebbart, 273. — Autres légendres de la Vierge : Volk en Taal, III, 136 ; Joos, I, 38, 67, 68, 71. Grimm (Märchen) parle aussi de : Muttergottes gläschen = Convolvulus arvensis L., le Liseron des champs (Jessen).