Page:Tellier - Nos poètes, 1888.djvu/31

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J’ai goûté peu de joie et j’ai l’âme assouvie
Des jours nouveaux, non moins que des siècles anciens.
Dans le sable stérile où dorment tous les miens,
Que ne puis-je finir le songe de ma vie !

Que ne puis-je, couché sous le chiendent amer,
Chair inerte, vouée au temps qui la dévore,
M’engloutir dans la nuit qui n’aura point d’aurore,
Au grondement immense et morne de la mer ![1]


Ô poète, jamais paroles ne furent dites au bord de la tombe qui soient plus grandes que les vôtres. Vous avez promené sur la vie et la mort un long regard triste, et l’âme du vieil Ecclésiaste a passé vraiment en vous. Vous avez parlé pour les siècles. Ils ne vous connaîtraient que par ces vers qu’ils vous maintiendraient encore au premier rang parmi les grands poètes…

  1. Si l’aurore