Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/410

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m’affliger. » Paul rend compte ici de la diversité des intentions dans la prédication de l’Evangile. L’occasion était favorable pour signaler en même temps la diversité des doctrines, si elle eût existé. Mais en se bornant à l’énumération des causes qui ouvraient la bouche de ces prédicateurs, sans dire un mot qui atteste la différence des mystères et de la foi, Paul déclare que c’était un seul et même Christ, un seul et même Dieu qui étaient prêches par un motif ou par un autre. Aussi ajoute-t-il : « Mais qu’importe ? pourvu que Jésus-Christ soit annoncé, soit par occasion, soit dans la vérité de la foi, » parce que la prédication annonçait le même Dieu, « soit par occasion, soit dans la vérité de la foi. » La vérité ici s’applique à la pureté de l’intention et non ci celle de la foi, puisque la foi était la même dans tous les prédicateurs. Il n’en allait pas ainsi de leurs motifs. Aux uns une intention droite et pleine de simplicité ; aux autres une intention dirigée par l’orgueil de la science. Qu’en résulte-t-il ? Que le Christ prêché alors est le même Christ annoncé de tout temps. Je suppose que ces prédicateurs eussent introduit un Christ différent de celui de l’Apôtre, la nouveauté du scandale eût constitué une dissidence. Toutefois la prédication évangélique n’aurait pas manqué d’hommes qui l’appliquassent au Christ du Créateur, puisqu’aujourd’hui encore la majorité se trouve partout avec nous, et non dans l’hérésie. Paul eût-il en ce moment gardé le silence sur une doctrine opposée à la sienne ? Par conséquent la nouveauté ne peut s’établir là où l’on ne peut signaler la plus légère différence.

Les Marcionites s’imaginent que l’Apôtre, leur donnant gain de cause sur la substance du Christ, ne lui reconnaît avec eux dans ces mots qu’une chair illusoire. « Fils de Dieu, il n’a point cru que ce fût pour lui une usurpation de s’égaler à Dieu. Il s’est anéanti lui-même en prenant l’image d’un esclave, » (mais non sa réalité ;) « en se rendant semblable aux autres hommes, » (mais non pas