Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/426

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dont ils jouissent. En lui dérobant ses exemples pour autoriser leurs blasphèmes, ils élèveront ainsi contre eux-mêmes un témoignage qui les condamnera ; mais il est facile à la vérité de les vaincre, sans même employer cette arme contre eux. Je somme donc ceux qui soutiennent que la chair de Jésus-Christ est semblable à celle des anges, véritable, quoiqu’elle ne provienne pas d’une naissance, de comparer entre elles les causes pour lesquelles le Christ et les anges se sont manifestés dans la chair. Jamais aucun ange n’est descendu sur la terre pour y être crucifié, pour y subir la mort, pour y ressusciter après l’avoir subie. Si jamais les anges n’ont eu de semblables motifs pour revêtir des corps, tu comprends pourquoi ils n’ont pas révolu la chair par les voies de la naissance. Ne venant pas pour mourir, ils n’avaient pas besoin de naître. Mais le Christ, envoyé pour mourir, dut nécessairement aussi naître afin de mourir. Ce qui naît est seul sujet à la mort. La naissance et la mort contractent une sorte d’engagement réciproque : la condition de la mort est la cause de la naissance.

Si le Christ est mort pour ce qui meurt, et que ce qui naît soit ce qui meurt, il en résulte, ou plutôt c’est un principe qui précède tous les autres, qu’il a dû naître également à cause de ce qui naît, puisqu’il avait à mourir à cause de ce qui meurt par la loi de sa naissance. Il n’était point convenable qu’il ne naquît pas dans une chair pour laquelle il était convenable qu’il mourût.

Il y a plus. Notre-Seigneur lui-même apparut à Abraham au milieu des anges, avec une chair qui n’était point le résultat de la naissance, toujours en vertu de la différence des motifs. Mais vous n’admettez pas ce témoignage, parce que vous ne reconnaissez point Jesus-Christ, qui déjà apprenait à instruire, à délivrer, à juger le genre humain, dans une chair qui n’était pas encore née, parce qu’elle ne devait pas mourir, avant que sa naissance et sa mort fussent annoncées. Qu’on nous prouve donc que ces anges