Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/549

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la résurrection des morts, » dit-il. Comment cela ? Il n’établit la différence sur aucun autre point que sur la gloire. Car attribuant une seconde fois la résurrection à la même substance et revenant sur la comparaison du froment : « Le corps est semé dans la corruption, il ressuscitera incorruptible ; il est semé dans l’ignominie, il ressuscitera dans la gloire ; il est semé dans la faiblesse, il ressuscitera dans la force ; il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel. » Assurément, ce qui ressuscite, c’est ce qui est semé ; ce qui a été semé, c’est ce qui se dissout dans la terre ; ce qui se dissout dans la terre, c’est cette chair que Dieu a brisée par sa sentence : a Tu « es terre, et tu retourneras dans la terre, » parce qu’elle avait été tirée de la terre. De là vient que l’Apôtre dit qu’elle est semée quand on la rend à la terre, parce que la terre est un lieu de séquestre pour les semences déposées dans son sein et redemandées à son sein. Voilà pourquoi l’Apôtre confirme de nouveau celle vérité, en ajoutant : « Ainsi est-il écrit, » de peur que tu ne croies qu’être semé soit autre chose que, « tu retourneras dans la terre dont tu as été formé, » de même que ce qui est en terre soit autre chose que la chair ; car ainsi est-il écrit.

LIII. Quelques-uns veulent que ce corps animal soit l’âme, pour enlever à la chair l’honneur de la résurrection. Mais, comme il est constant et arrêté que le même corps qui ressuscitera, c’est celui qui aura été semé, il suffira d’en appeler contre eux à l’expérience. Ou bien, qu’ils montrent que l’ame est semée après la mort, c’est-à-dire qu’elle meure, c’est-à-dire encore qu’elle soit brisée, disséminée, anéantie, décret que Dieu n’a pas porté contre elle. Qu’ils nous mettent sous les yeux sa corruption, son ignominie, sa faiblesse, pour qu’elle ait à ressusciter dans l’incorruptibilité, dans la gloire et dans la force. En Lazare, au contraire, principal exemple de la résurrection, c’est la chair qui a été abattue dans sa faiblesse, la chair qui a presque éprouvé la pourriture comme une marque