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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/369

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et dans les ténèbres, prêchez-le au grand jour et sur les toits. » Il donnait à entendre la même chose dans une parabole, en disant qu’il ne fallait pas enfouir une mine, c’est-à-dire cacher sa parole, au lieu de lui faire porter du fruit. Il remarquait qu’on ne mettait point la lumière sous le boisseau, mais sur le chandelier, pour éclairer toute la maison. Les Apôtres n’auraient point entendu tout cela, ou n’en auraient tenu aucun compte, s’il était vrai qu’ils eussent caché une partie de la lumière, c’est-à-dire de la parole de Dieu et de l’Evangile. Ils ne redoutaient ni la fureur des Juifs ni celle des païens. Et comment n’eussent-ils pas parlé librement dans l’Église, tandis qu’ils parlaient avec tant de hardiesse au milieu des synagogues et dans tous les lieux publics ? Jamais ils n’auraient converti les Juifs ni persuadé les païens, s’ils ne leur eussent expliqué avec ordre et avec clarté la religion qu’ils leur annonçaient. On n’imaginera pas non plus qu’ils aient caché aux Églises qui croyaient déjà, les dogmes qu’ils confiaient en secret à un petit nombre de personnes. Quand même ils auraient tenu des conférences particulières sur la foi, il est contre toute vraisemblance qu’on y enseignât un symbole de foi différent de celui qu’ils avaient enseigné publiquement ; qu’ils annonçassent un Dieu dans l’Église, et un autre Dieu dans les maisons ; un Christ en public, et un autre Christ en secret ; une résurrection pour la multitude, et une résurrection particulière pour quelques personnes choisies. Les Apôtres, dans leurs Epîtres, ne recommandent-ils pas instamment aux fidèles de tenir tous un seul et même langage, sans souffrir jamais de schisme ni de division, parce que tous les ministres de l’Evangile, soit Paul ou tout autre, enseignaient absolument la même doctrine ? Ils se souvenaient du précepte de leur divin maître : « Dites, cela est ; cela n’est pas, oui ou non ; ce que vous ajouteriez de plus vient d’un mauvais principe. » Il voulait qu’il régnât une parfaite uniformité dans leur enseignement.