Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/222

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que « tout a été fait par le Verbe, » on peut dire légitimement que le Fils seul a étendu les cieux, parce que seul il a été le ministre du Père. Du même il dira encore : « Je suis le premier et le dernier. » Oui, sans doute, le premier en qualité de Verbe : « Au commencement était » le Verbe ; dans ce commencement où le Père l’engendra. D’ailleurs, le Père n’ayant pas de commencement, on ne peut dire de lui qu’il a été engendré par qui que ce soit, puisqu’il est incréé. Celui qui a toujours été seul n’admet pas de rang. Si donc les hérétiques ont cru que pour sauver le dogme de l’unité, de Dieu, il fallait que le Père et le Fils fussent la même personne, son unité est sauve, puisque, tout en étant seul, il a un Fils auquel rendent témoignage les mêmes Ecritures. S’ils ne veulent pas que le Fils soit regardé comme une seconde personne, distincte du Père, de peur que cette distinction n’ait l’air d’établir deux Dieux, nous avons montré que l’Ecriture mentionne aussi deux Dieux et deux Seigneurs ; et pour les empêcher de se scandaliser, nous leur avons exposé qu’il ne s’agit pas de deux Divinités différentes, de deux Seigneurs différents, mais seulement du Père et du Fils, comme formant deux personnes distinctes, non pas en substance, mais en disposition, puisque nous reconnaissons le Fils inséparablement uni au Père, et semblable en essence bien que différent en degré. Quoique nous l’appellions Dieu quand nous le nommons seul, il ne fait pas deux Dieux, mais un Dieu unique, par la même qu’il doit être appelé Dieu en vertu de l’unité du Père.

XX. Mais il faut encore réfuter les arguments de ceux qui empruntent aux Ecritures quelques passages pour appuyer leur opinion, faute de vouloir les comparer avec les autres textes qui maintiennent la règle, et cela sans porter atteinte à l’unité de Dieu et même de leur monarchie. De même que dans l’ancien Testament, ils ne gardent que cet oracle : « Je suis Dieu, et il n’en est pas d’autre que moi, » de même dans l’Evangile, ils ne s’arrêtent qu’à cette réponse du Seigneur à Philippe : « Mon Père et moi, nous