Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/401

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crains pas, car, dès le premier jour où lu as appliqué ton cœur à comprendre et à t’affliger en la présence de ton Dieu, les paroles ont été entendues, et je suis venu à cause de tes discours. » Vous le voyez ; les désirs, les xérophagies et les abaissements chassent la crainte, ouvrent les oreilles de Dieu, et révèlent les choses cachées. Je reviens également à Elie. Les corbeaux avaient coutume de le nourrir de pain et de chair. D’où vient qu’à Bersabé, ville de Judée, un ange en le réveillant ne lui présente que du pain et de l’eau ? Les corbeaux manquaient-ils pour le nourrir aussi splendidement ? Etait-il difficile à l’ange d’enlever au banquet du roi, ou de partout ailleurs, je ne sais quel ministre, pour le transporter auprès d’Elie avec un riche festin, de même que le repas des moissonneurs fut servi à Daniel qui avait faim dans la fosse aux lions ? Non, sans doute. Mais il fallait établir un exemple qui nous apprît que dans le temps de l’adversité, de la persécution ou de quelque malheur, nous devons vivre dans la xérophagie. C’est au milieu de ces abstinences que David confesse son péché, quand « il mange son pain comme une cendre » aride et grossière, « et qu’il mêle sa boisson avec ses larmes, » c’est-à-dire qu’il s’interdit le vin. L’abstinence du vin a aussi son mérite et sa gloire ; c’est elle qui voue à Dieu Samuel, elle qui consacre Aaron. La mère de Samuel dit de lui : « Il ne boira ni vin, ni aucune liqueur enivrante ; » car c’était dans cet état qu’elle-même invoquait le Seigneur. Quant à Aaron, le Seigneur lui parle ainsi : « Tu ne boiras, loi et tes enfants avec toi, ni vin, ni liqueur enivrante, quand vous entrerez dans le tabernacle, ou que vous monterez à l’autel, de peur que vous ne mouriez. » Tant il est vrai que la mort attend tout ministre de l’Église qui pèche contre la sobriété. Il adresse ce reproche à Israël, son peu pie : « Vous avez présenté à ceux qui m’étaient, consacrés un vin défendu. » Cette restriction apportée à la boisson est une portion de la xérophagie. Il y a mieux. La où