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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/108

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alors qu’il le comprenait en partie, non seulement il ne l’a pas cherché, mais encore il a inventé d’autres dieux pour les adorer. Ensuite, en ne cherchant pas le maître de l’innocence, le juge et le vengeur du crime, il est tombé dans toutes sortes de vices et de forfaits. — 11. Au contraire, s’il l’avait cherché, il l’aurait adoré, et s’il l’avait adoré, il aurait éprouvé les effets de sa clémence plutôt que de sa colère. Donc ce Dieu, que nous voyons irrité aujourd’hui, il faut bien se dire que c’est le même qui fut irrité dans le passé, avant que le nom des chrétiens fût connu. — 12. Le genre humain jouissait des bienfaits dont Dieu le comblait, avant qu’il eût inventé des dieux : pourquoi donc ne comprend-il pas que les calamités proviennent aussi de celui dont il n’a pas compris que venaient les bienfaits ? Celui qui lui demande compte est celui qu’il a payé d’ingratitude.

13. Cependant, si nous comparons les catastrophes d’autrefois à celles d’aujourd’hui, nous verrons qu’il arrive des malheurs moins grands depuis que Dieu a donné des chrétiens au monde. Depuis ce temps, en effet, la vertu a balancé les iniquités du siècle, et il y a eu des intercesseurs auprès de Dieu. — 14. Enfin, quand une température estivale suspend les pluies de l’hiver et que la récolte de l’année est menacée, que faites-vous ? Sans cesser de bien manger tous les jours, et toujours prêts à manger, pendant que les bains, les cabarets, les lieux de débauche sont en activité, vous décrétez des sacrifices à Jupiter pour obtenir la pluie, vous prescrivez au peuple des « nudipédales » ; vous cherchez le ciel au Capitole, vous attendez la pluie des plafonds de vos temples et vous détournez vos regards de Dieu lui-même et du ciel 1-15. Nous, au contraire, exténués par les jeûnes, mortifiés par toute espèce de continence, sevrés de toutes les jouissances de la vie, 7