Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/109

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nous roulant dans le cilice et sous la cendre, nous importunons le ciel par une ardente prière ; nous désarmons Dieu et, lorsque nous avons arrache sa miséricorde, c’est Jupiter qu’on honore !


Chapitre XLI

1. C’est donc vous qui êtes à charge au monde, c’est vous qui toujours attirez les calamités publiques, parce que vous rejetez Dieu pour adorer des statues. Et en effet, on doit croire que celui-là s’irrite qui est délaissé, plutôt que ceux qu’on honore. Sinon, en vérité, vos dieux sont injustes au suprême degré, si, à cause des chrétiens, ils punissent même leurs adorateurs, qu’ils ne devraient pas confondre avec les chrétiens coupables.

2. Nous pouvons, dites-vous, rétorquer cet argument contre votre Dieu lui-même, puisqu’il permet, lui aussi, que ses adorateurs souffrent à cause des impies. Reconnaissez d’abord ses desseins, et vous ne rétorquerez plus. — 3. Celui-là, en effet, qui fixa, une fois pour toutes, le jugement éternel après la fin du monde, ne précipite pas, avant la fin du monde, le triage qui est la condition du jugement. En attendant, il se montre égal pour tous les hommes, dans ses faveurs ou ses rigueurs. Il a voulu faire partager les biens par les impies, comme il a voulu faire partager les maux par ses serviteurs, afin de faire éprouver à tous, par une destinée semblable, et sa douceur et sa sévérité. — 4. Instruits de ces desseins par sa bouche, nous aimons sa bonté, nous redoutons sa rigueur. Vous, au contraire, vous méprisez l’une et l’autre. Il en résulte que pour nous les fléaux du siècle, s’ils nous frappent, sont des avertissements, tandis que, pour vous, ils sont des punitions venant de Dieu. 8