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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/120

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5. Et en effet, ayant trouvé Dieu, sans plus, ils ne se sont pas bornés à l’enseigner tels qu’ils l’avaient trouvé, mais ils ont disputé sur son essence, sur sa nature, sur sa demeure. — 6. Les uns le prétendent incorporel, les autres corporel : tels sont les Platoniciens et les Stoïciens. Les uns le disent composé d’atomes, les autres de nombres : tels sont Epicure et Pythagore. Suivant un autre encore, il est composé de feu : c’est l’opinion d’Heraclite. Les Platoniciens le représentent s’occupant de toutes choses ; pour les Epicuriens, au contraire, il est oisif et inoccupé, il n’existe pas, pour m’exprimer de la sorte, pour les affaires humaines. — 7. Les Stoïciens déclarent qu’il est placé hors du monde, qu’il fait tourner cette masse gigantesque de l’extérieur, comme le potier tourne sa roue ; pour les Platoniciens, il réside à l’intérieur du monde et, comme un pilote, il a son siège dans la machine qu’il conduit. — 8. Ainsi encore, le monde lui-même est-il né ou n’est-il pas né, aura-t-il une fin ou existera-t-il toujours ? Les opinions varient. On varie de même encore sur la nature de l’âme, que les uns prétendent divine et éternelle, les autres dissoluble. Au gré de son sentiment personnel, chacun a ajouté ou changé.

9. Et il ne faut pas s’étonner que nos vieux livres (l’Ancien Testament) aient été défigurés par les inventions des philosophes. En effet, certains hommes, sortis de leur semence, ont dénaturé par leurs opinions jusqu’à nos livres nouveaux (le Nouveau Testament), pour les adapter aux systèmes philosophiques : d’une seule route ils ont fait, en la divisant, une multitude de sentiers détournés et inextricables. Ceci, je ne l’insinue qu’en passant, de peur que la variété connue des sectes chrétiennes ne fournisse un nouveau prétexte de nous mettre sur le même pied que les philosophes, et de conclure de cette variété à la défaillance de la vérité. 9 -