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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/40

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de la Tauride. Voyez : dans cette très religieuse cité des pieux descendants d’Enée, il y a un certain Jupiter, que dans ses jeux on arrose de sang humain. « Mais c’est le sang d’un bestiaire », direz-vous. Apparemment, c’est là moins que de l’arroser du sang d’un homme ! Est-ce que donc la chose n’est pas plus honteuse, parce que c’est le sang d’un malfaiteur ? Ce qui est sûr du moins, c’est qu’il est versé par suite d’un homicide. Oh ! que ce Jupiter est vraiment chrétien, et vraiment fils unique de son père pour sa cruauté !

6. Mais, puisqu’un infanticide est toujours un infanticide, peu importe qu’il soit commis dans une cérémonie du culte ou par simple caprice, à part toutefois la différence que fait le parricide, je vais m’adresser maintenant au peuple. Combien de ces hommes qui nous entourent et qui sont altérés du sang des chrétiens, combien même d’entre ces gouverneurs, pour vous si justes et si sévères envers nous, voulez-vous que je touche dans leur conscience, en leur disant qu’ils tuent les enfants qui viennent de leur naître ? — 7. Et puisqu’il y a encore une différence quant au genre de mort, je vous dirai qu’il est assurément plus cruel de les étouffer dans l’eau ou de les exposer au froid, à la faim et aux chiens (que de les immoler) ; la mort par le fer serait même préférée par un homme fait. — 8. Quant à nous, l’homicide nous étant défendu une fois pour toutes, il ne nous est pas même permis de faire périr l’enfant conçu dans le sein de la mère, alors que l’être humain continue à être formé par le sang. C’est un homicide anticipé que d’empêcher de naître et peu importe qu’on arrache la vie après la naissance ou qu’on la détruise au moment où elle naît. C’est un homme déjà ce qui doit devenir un homme ; de même, tout fruit est déjà dans le germe.

9. Pour en revenir à ce repas de sang et aux plats