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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/41

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de ce genre, dignes de la tragédie, voyez s’il n’est pas rapporté quelque part - c’est dans Hérodote, je pense - que certaines nations, pour conclure un traité, se sont procuré du sang tiré des bras, que l’une et l’autre partie buvait. Devant Catilina, il y eut aussi je ne sais quelle dégustation de ce genre. On dit encore que, chez certaines nations scythiques, tous les défunts sont mangés par leurs parents. — 10. Mais je cherche trop loin. Aujourd’hui même, chez vous, c’est le sang tiré de la cuisse ouverte, et recueilli dans la main, qu’on donne à boire aux fidèles de Bellone pour les initier. De même, ceux qui, dans un combat de gladiateurs dans l’arène, ont bu avec avidité, pour guérir la maladie comitiale, le sang chaud des criminels égorgés et découlant de la gorge, où sont-ils (sinon chez vous) ? — 11. De même encore ceux qui se nourrissent de la chair de bêtes fauves venant de l’arène, qui se repaissent de la chair d’un sanglier ou d’un cerf. Ce sanglier, en luttant, s’est souillé du sang de l’homme qu’il a déchiré ; ce cerf est mort couché dans le sang d’un gladiateur. On recherche même les membres des ours qui n’ont pas encore digéré la chair humaine ; c’est un homme qui se gorge de la chair nourrie d’un homme. — 13. Vous qui mangez tout cela, combien peu vous êtes loin des prétendus repas des chrétiens ! Et ceux qui, par une passion monstrueuse, convoitent les membres des hommes, sont-ils moins coupables parce qu’ils les dévorent vivants ? N’est-ce pas par le sang humain qu’ils sont initiés à l’impudicité, parce qu’ils boivent ce qui doit seulement devenir du sang ? Ce ne sont pas des enfants sans doute, ce sont des hommes faits qu’ils mangent !

13. Rougissez donc de votre aveuglement devant nous autres chrétiens, qui n’admettons pas même le sang des animaux dans des mets qu’il est permis de