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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/47

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des raisons qu’il avait de changer des hommes en dieux ; et je n’en vois aucune, à moins que ce grand dieu n’ait eu besoin de serviteurs et d’aides pour accomplir ses fonctions divines. Or, en premier lieu, il serait indigne de lui qu’il eût besoin du concours de quelqu’un, et surtout d’un mort, car il eût été plus digne de lui de créer un dieu dès le commencement, puisqu’il allait avoir besoin du concours d’un mort. — 5. Mais encore je ne vois pas qu’il y ait eu place pour ce concours. En effet, supposez que le vaste corps du monde que nous avons sous les yeux, ne soit pas né et n’ait pas été fait, suivant l’opinion de Pythagore, ou qu’il soit né et qu’il ait été fait, suivant celle de Platon : ce qui est certain, c’est que, après sa formation, il s’est trouvé, une fois pour toutes, disposé, pourvu du nécessaire, ordonné suivant les régies de la raison. Le principe qui a donné à tout la perfection ne saurait être imparfait. — 6. Il n’attendait nullement Saturne et la race de Saturne. Bien simples d’esprit seront les hommes, s’ils ne croient pas que dès l’origine les pluies sont tombées du ciel, que les astres ont répandu leurs rayons, que les lumières ont brillé, que les tonnerres ont grondé, que Jupiter lui-même a craint les foudres que vous lui mettez dans la main ; et encore, que tous les fruits sont sortis en abondance du sein de la terre avant Liber, Cérés et Minerve, que dis-je ? avant le premier homme, parce que rien de ce qui est destiné à la conservation et à l’entretien de l’homme n’a pu être introduit seulement après lui. — 7. Enfin, on ne dit pas que ces dieux ont créé, mais qu’ils ont découvert toutes les choses nécessaires à la vie. Or, une chose qu’on découvre existait déjà, et une chose qui existait déjà ne doit pas être attribuée à celui qui l’a découverte, mais à celui qui l’a créée ; car elle existait avant d’être découverte. — 8. Au reste,