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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/49

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caractères qui ne permettent pas de croire non plus qu’ils sont devenus dieux après. En effet, si c’est pour punir ceux qui leur ressemblent que vous présidez vos tribunaux, si tous les honnêtes gens fuient le commerce, la conversation, le contact des méchants et des infâmes, et que, d’autre part, le dieu suprême ait associé leurs pareils à sa majesté, pourquoi donc condamnez-vous ceux dont vous adorez les collègues ? — 14. C’est un outrage au ciel que votre justice ! Divinisez plutôt tous les plus grands criminels, afin de plaira à vos dieux ! C’est un honneur pour ces dieux que l’apothéose de leurs égaux !

15. Mais, pour laisser de côté l’exposé de ces indignités, supposons qu’ils aient été honnêtes, intègres et bons : combien d’hommes avez-vous laissés dans les enfers, qui valent mieux qu’eux : un Socrate par la sagesse, un Aristide par la justice, un Thémistocle par ses exploits militaires, un Alexandre par sa grandeur, un Polycrate par son bonheur, un Crésus par sa richesse, un Démosthène par son éloquence ! — 16. Qui, parmi vos dieux, est plus grave et plus sage que Caton, plus juste et plus vaillant que Scipion ? Qui est plus grand que Pompée, plus heureux que Sylla, plus riche que Crassus, plus éloquent que Tullius ? Combien il eût été plus digne du dieu suprême d’attendre de tels hommes pour les associer à sa divinité, lui qui certes connaissait d’avance les meilleurs ! Il s’est trop hâté, je suppose, il a fermé le ciel une fois pour toutes, et maintenant il rougit certainement d’entendre les meilleurs murmurer au fond des enfers.


Chapitre XII

1. En voilà assez sur ce point, car je sais que, quand je vous aurai montré ce que sont vos dieux, je vous