Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/50

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aurai fait voir d’après l’évidence même, ce qu’ils ne sont pas. Or, au sujet de vos dieux, je ne vois que les noms de quelques anciens morts, je n’entends que des fables et je m’explique votre culte par ces fables. — 2. Pour ce qui est de leurs statues, je ne vois rien d’autre que des matières sœurs de la vaisselle et des meubles ordinaires ; ou bien encore une. matière qui provient de cette même vaisselle et de ce même mobilier, et qui change de destinée par la consécration, grâce à la liberté de l’art, qui lui donne une autre forme, mais d’une manière si outrageante et par un travail si sacrilège, que vraiment nous autres chrétiens, qui sommes torturés précisément à cause des dieux, nous trouvons là une consolation à nos souffrances, en voyant vos dieux supporter, pour devenir dieux, les mêmes tourments que nous.

3. Vous attachez les chrétiens à des croix, à des poteaux. Quelle est la statue qui ne soit d’abord formée par l’argile appliquée à une croix et à un poteau ? C’est sur un gibet que le corps de votre dieu est d’abord ébauché ! — 4. Avec des ongles de fer, vous déchirez les flancs des chrétiens. Mais tous les membres de vos dieux sont assaillis plus violemment par les haches, par les rabots et par les limes. On nous tranche la tête. Avant le plomb, les soudures et les clous, vos dieux sont sans tête. Nous sommes livrés aux bêtes. Ces bêtes sont celles que vous mettez à côté de Liber, de Cybèle et de Célestis. — 5. On nous livre au feu : on fait subir le même sort à la matière de vos dieux sous sa forme première. On nous condamne aux mines : c’est de là que vos dieux tirent leur origine. On nous relègue dans les îles : c’est dans une île que tel de vos dieux naît ou meurt. Si tout cela donne un caractère divin quelconque, ceux que vous punissez sont divinisés et il faut regarder les supplices comme une apothéose.