papier, l’histoire de mon voyou londonien aura cette vertu exaltante que nous sommes bien obligés d’aller chercher dans les psaumes. Ce sera un beau chant à la gloire des risques hardis et du patient labeur. Une distance à couvrir, un ennemi à atteindre, une tente à dresser contre le vent y limiteront la vie. On y boira le fort alcool de l’activité brutale, on y sentira l’ivresse de l’homme en qui se réveillent les instincts de violence et de lutte que la vie civilisée endort. À ceux pour qui ma littérature est un refuge dans l’horreur des dimanches anglais, ou qui dédaignent, pendant les heures lentes des trains, d’arrêter leurs regards sur les paysages en fuite, à ceux qui veulent en imagination prendre une revanche sur leur existence plate, qui étouffent dans un bureau ou surveillent un étalage de six mètres de long pendant dix heures du jour, aux écoliers de quinze ans, aux convalescents las d’avoir tourné dans leur chambre, à tous nos frères anglais qui promènent sur les Sept Océans leur spleen
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