Page:Tharaud - Dingley.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devant quelques milliers d’hommes incultes, commandés par des chefs de hasard. Une défaite de son pays, jamais Dingley n’avait imaginé ça ! Il souffrait, comme le dernier citoyen du royaume, d’une injure infligée par un ennemi dédaigné. Il croyait à la moralité de la victoire et que le vaincu est toujours méprisable. Dans la hiérarchie des êtres, les soldats de la Reine venaient-ils donc après les brutes de Joubert et de Cronié ! La force anglo-saxonne allait-elle se briser contre la résistance de misérables métis, allemands, hollandais et français ? Il pensait lier sa gloire à celle d’un Empire qui grouperait sous la domination de l’Ile Maîtresse les terres les plus lointaines, les nations les plus diverses. Ce grand espoir serait-il dégonflé par les balles d’une poignée d’Européens ensauvagés, tapis derrière des buissons et des rochers ?

Londres, sous un ciel d’hiver qu’attristaient encore la défaite et l’inquiétude des batailles, présentait des spectacles imprévus à ses yeux avides. Il parcourait les quartiers