Page:Tharaud - Dingley.djvu/27

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trop occupé de ses fanfaronnades pour s’être aperçu de son entrée. Puis il fit le tour de la salle, l’air délibéré, négligent, comme s’il eût cherché quelqu’un. Finalement, il vint frôler le racoleur au passage.

À sa vue, celui-ci poussa un formidable hurrah, et lui passant d’un geste tendre le bras autour de la taille :

— Du gin, my dear ?

— Comme il vous plaira, j’ai soif.

Dingley ne les quittait pas des yeux. Son regard s’était posé sur ces quatre individus avec une véritable tendresse. À travers la fumée de sa pipe, comme autrefois dans les relents des fumeries d’opium il avait cru pénétrer le secret de l’Orient, il se représentait, ce soir, avec une agilité surprenante, la vie ce ces trois misérables dans les affreux quartiers de Londres. Maintenant ils allaient partir, s’embarquer pour le Sud, connaître les beaux hasards de la guerre. Au service de la Reine ils retrouveraient quelque noblesse, ils noueraient enfin connaissance avec la propreté, le courage et la