Page:Tharaud - Dingley.djvu/78

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officiers, et dans les rares engagements qui coupent d’un peu d’émotion la monotonie des jours, le plaisir de contempler la paix traîtresse du paysage, les kopjes couverts de rochers, de broussailles et de chardons argentés, où l’obus qui éclate fait fleurir un léger nuage pareil à un pommier en fleur, voilà les aliments de ma vie. Je vérifie une fois de plus combien les faits que peut saisir l’observateur le plus attentif sont, en vérité, peu de chose, et je ris de penser qu’on pourra croire que j’ai découpé dans mon expérience les scènes de la vie de mon héros, à la manière d’un journaliste de province qui taille avec ses ciseaux dans le Times ou le Daily Mail. La vie ne donne jamais que des détails menus, inestimables pourtant ! Et nous autres, pauvres artistes, nous devons promener à travers de médiocres aventures notre imagination qui reste, en dernier ressort, souveraine.

« J’ai repris la vie sous la tente avec le même plaisir qu’autrefois. Sous cette toile, entre ces quatre piquets, on a tout le confort désirable. Rien ne ressemble moins à l’hôtel.