Cette proposition plut beaucoup à Liu-Pou ; à l’instant même il remit une lettre aux deux conseillers pour qu’ils la portassent a Hoay-Nan ; mais Hu-Tsé lui dit : « Il faut au plus vite envoyer une division de troupes qui nous ouvre le chemin à travers les lignes ennemies ; sans cela nous ne pouvons sortir. » Liu-Pou ordonna à deux généraux (Tchang-Liéao et Hou-Mong) de se tenir prêts à escorter les deux mandarins hors des passages difficiles, chacun avec cinq cents hommes ; le premier de ces deux chefs dut marcher en avant, le second à l'arrière-garde. A la seconde veille de la nuit, la petite troupe sortit bravement de la ville assiégée, en prenant par le camp de Hiuen-Té. Les officiers de celui-ci poursuivirent en vain les deux envoyés qui purent traverser le défilé sains et saufs. En revenant vers la ville, Tchang-Liéao rencontra l’un des frères d’armes de Hiuen-Té, Yun-Tchang, qui lui barrait le chemin ; mais comme ils avaient mutuellement l’intention de se ménager, ces deux guerriers (qui avaient échangé quelques paroles)[1] s’abstinrent de combattre. Déjà d’ailleurs, deux autres généraux[2] s’avançaient avec leurs troupes pour secourir Tchang-Liéao ; il entra avec eux dans les murs.
Cependant, les deux négociateurs arrivés près de Youen-Chu[3], le saluèrent respectueusement et lui remirent la lettre de leur maître : « Précédemment, dit Youen-Chu, votre maître a mis à mort l’émissaire que je lui envoyais et rompu une alliance à moitié conclue ; le voila maintenant qui veut renouer avec nous[4] ! — Seigneur, répliqua Hu-Tsé, cette rupture avait été produite par les perfides insinuations et les conseils intéressés de Tsao. Nous espérons que Votre Majesté daignera écouter
- ↑ Voir plus haut, page 69.
- ↑ C’étaient Kao-Chun et Héou-Tching.
- ↑ Il se trouvait alors à Chéou-Tchun.
- ↑ Le texte tartare dit seulement : « Pourquoi venez-vous me demander des secours ? » Il vaut mieux donner un sens plus large au mot demander de la version chinoise. La phrase suivante, renfermée entre deux parenthèses, est dans le texte ; elle y cause même quelque embarras, parce qu’elle se trouve dans le dialogue, sans que rien l’en distingue.