Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Précisément nous préparions un semblable complot, répartit Tong-Tching en riant, lorsque vous êtes arrivés. C’est le ciel qui vous amène, voyez !.... » Et il leur montra l'édit impérial. A cette vue, les deux mandarins versèrent des larmes, et Tchong-Tsy s’écria : « Eh bien, qui nous empêche de commencer ! » Tong-Tching leur donna le morceau de satin pour qu’ils écrivissent leurs noms ; Wang-Tsé alla chercher Ou-Tsé-Lan qui ne tarda pas à paraître, et quand ce dernier eut signé sur la liste des conjurés, ils passèrent tous dans la salle à manger, au fond de l’hôtel, où Tong-Tching leur offrit un repas.

Tout à coup, on vint dire que le commandant en chef du Sy-Liang, Ma-Teng[1], se présentait pour faire visite. « Répondez que je suis malade et hors d’état de le recevoir, » répliqua TongTching ; mais le portier revint, annonçant que Ma-Teng furieux avait dit : « Hier soir, j’ai vu de mes yeux votre maître sortir du palais avec une tunique brodée et une ceinture de jade ; je l’ai vu à la porte Tong-Hoa ; et le voilà qui se dit malade pour ne pas me recevoir ! Je ne viens pas lui demander à dîner ; que je puisse seulement échanger un mot avec lui, et je retourne dans ma province ! Sera-t-il assez impoli pour me refuser sa porte ? »

Dès que le portier eut répété ces paroles un peu vives de Ma-Teng, Tching se leva en priant ses convives d’attendre un instant, et alla au-devant du gouverneur. Après les politesses d’usage, quand ils eurent pris tous deux des sièges, Ma-Teng dit : « Les armées du Sy-Fan[2] viennent de faire invasion sur nos frontières ; j’accours tout exprès pour demander à l’Empereur qu’il me prête des troupes, et je repars à l’instant. Comme vous êtes l’oncle de Sa Majesté, un des plus anciens et des plus élevés en dignité de tous les mandarins, je suis venu vous faire une visite avant de quitter la capitale. Pourquoi m’avez-vous reçu avec si peu d’empressement ? — Votre humble serviteur est souffrant, reprit Tong-Tching, voilà ce qui l’a empêché de courir à votre

  1. Voir vol, Ier, page 163.
  2. C’est-à-dire les barbares de l’ouest qui avoisinaient la province occidentale de Sy-Liang.