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CHAPITRE IV.


Tsao-Tsao marche contre Youen-Chu.


I.


[Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 198 de J.-C] Sun-Tsé voulait marcher contre Youen-Chu ; mais son premier secrétaire, Tchang-Tcbao, l’arrêta par ses représentations. Quoique sous le coup d’une défaite, l’ennemi avait encore bien des soldats et des généraux ; bien des vivres pour les hommes et des fourrages pour les chevaux. L’attaquer, serait courir le risque de se voir repoussé, exposer la province à de grands périls. Il valait mieux écrire à Tsao-Tsao, pour qu’il menaçât Youen-Chu du côté du midi et agir de concert avec lui. Pris entre ces deux armées, Youen-Chu serait infailliblement vaincu, et dans le cas d’un revers à peu près impossible, on aurait Tsao sur qui s’appuyer. L’avis plut à Sun-Tsé, qui se hâta d’envoyer un émissaire au premier ministre.

Or celui-ci, depuis son retour dans la capitale, songeant encore au fidèle Tien-Wei[1], fit élever à sa mémoire un temple dans lequel on devait offrir des sacrifices aux quatre saisons, donna à son fils Tien-Man un grade militaire, et le prit à sa charge dans son propre hôtel. Sur ces entrefaites, on lui annonça l’arrivée de l’émissaire chargé de lui présenter, de la part de Sun-Tsé, des présents et une lettre ; il voulait à l’instant même marcher contre Youen-Chu, quand des courriers lui apprirent que ce rebelle, commençant à manquer de vivres, avait envoyé des soldats fourrager dans le Tchin-Liéou. Confiant la garde de la capitale à son parent Tsao-Jin, le premier ministre partit avec

  1. Voir plus haut, page 23.