Je ne savais que répliquer, j’aurais voulu lui
crier : « Ce ne sont pas les processions qui
m’attirent, c’est vous que je cherchais ; » mais
je n’avais ni le sang-froid, ni l’audace nécessaires
pour lui faire pareille réponse. Cette rencontre,
que j’avais désirée de toutes les forces de
mon cœur, le hasard me la ménageait, et, au
lieu d’en profiter, je restais là, balbutiant, rougissant
comme un sot, tandis qu’elle éclatait de
rire en agitant son éventail.
— Est-ce que je vous fais peur ? reprit-elle en se reculant de quelques pas pour se dégager de la foule.
— Oui, murmurai-je sans trop savoir ce que je disais ; ne vous moquez pas de moi !
— Ay, santo niño, je ne suis pourtant pas si effrayante !… Vous aviez l’air moins effarouché, l’autre nuit, quand vous me regardiez danser la malagueña.
— Vous vous souvenez de moi ? m’écriai-je ingénument.
— Je me souviens toujours des jolis garçons qui m’applaudissent… Pourquoi n’êtes-vous pas venu me parler avant de sortir ?
— Je n’aurais jamais osé, señorita.