Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/216

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promenade au bras de Jean, qui semblait très désireux de lui montrer les plus jolis coins de son domaine. — Ils traversèrent la salle à manger lambrissée de châtaignier et meublée d’armoires aux cuivres étincelants, le salon tendu de verdures sur lesquelles de vieux portraits détachaient l’or terni de leur cadre, puis ils descendirent au jardin ; — un antique jardin à la française, passablement négligé, où il y avait des buis en boule, des fuchsias hauts comme des arbres, des enchevêtrements de jasmins, de grenadilles et de rosiers grimpants. — On passa au verger dont les murs étaient cachés par des aveliniers touffus, où les pommiers pliaient sous les pommes et où les pruniers laissaient pendre au ras de terre leurs branches chargées de prunes violettes. — La comédienne poussa des cris de joie ; la vue de cette abondance de fruits lui redonnait des fantaisies et des gourmandises d’écolière. Elle se haussait sur la pointe des pieds, tendait son beau bras pour cueillir une prune ou une noisette, et cet exercice faisait merveilleusement valoir aux yeux de Jean la cambrure de sa taille et le modelé de son corsage.