route. Les événements de la veille l’avaient profondément bouleversé. Toujours, dans ses châteaux en Espagne, lorsqu’il bâtissait en l’air l’avenir de sa cousine et le sien, il avait distribué les rôles autrement. Il avait rêvé de subvenir seul aux charges de mariage, de gagner une fortune à l’aide de sa sculpture, puis de courir à B… et de dire à Gertrude : « Maintenant me voilà riche, laisse là ton magasin et sois ma femme ! » — La mort de l’oncle Renaudin et le singulier testament du vieillard venait d’intervertir les rôles. Il était probable que les dernières dispositions du défunt ne seraient que la confirmation de ce premier testament, et que Gertrude serait instituée légataire universelle… Elle deviendrait riche et lui resterait pauvre… Il aimait trop sa cousine pour lui en vouloir à cause de ce brusque changement, mais il n’en éprouvait pas moins une déception douloureuse. Il ne pouvait plus offrir sa main à Gertrude ; il aurait eu l’air de réclamer l’exécution d’un engagement devenu avantageux pour lui ; il se croyait obligé d’attendre que la jeune fille vînt spontanément lui rappeler sa promesse, et il se disait que, même dans ce cas, il aurait encore l’air de faire un mariage intéressé.
Il songeait à tout cela et sentait son agitation