Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/121

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et diligemment cultiuée : il n’y a vin en usage, non plus qu’en plusieurs autres lieux de nostre Europe, ils ont auec prouidence diuine recouuert par art et quelque diligence cela, que autrement leur estoit denié. Or ce palme est un arbre merueilleusement beau, et bien accompli, soit en grandeur, en perpetuelle verdure, ou autrement, dont il y en a plusieurs especes, et qui prouiennent en diuers lieux. Plusieurs especes de palmes. En l’Europe, comme en Italie, les palmes croissent abondamment, principalement en Sicile, mais steriles. En quelque frontiere d’Espagne, elles portent fruit aspre et malplaisant à manger. En Afrique, il est fort doux, en Égypte semblablement, en Cypre, et en Crete, en l’Arabie pareillement. En Iudée, tout ainsi qu’il y en a abondance, aussi est cela plus grande noblesse et excellence, principalement en Iericho. Le vin que lon en fait est excellent, mais qui offense le cerveau. Il y a de cest arbre le masle et la femelle[1] : la masle porte sa fleur à la branche, la femelle germe sans fleur, et est chose merueilleuse et digne de contemplation ce que Pline et plusieurs autres en recitent : que aux forestz des palmiers prouenus du naturel de la terre, si on couppe les masles, les femelles deuiennent steriles sans plus porter de fruit : comme femmes vefues pour l’absence de leurs maris. Cest arbre demande le païs chaud[2], terre sablonneuse, vitreuse, et comme salée, autrement on luy sale la racine auant que la

  1. Sur les palmiers et leur fécondation voir Pline. H. N. xiii. 7-10. — Clamageran. L’Algérie. P. 170.
  2. Id. xiii. 7. — xvii. 3.