Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/15

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native, et, malgré ses efforts pour se donner les apparences de l’érudition, le bonnet, dont le coiffa si libéralement le malin Rabelais, laissa toujours passer le bout de l’oreille[1]. A défaut de la science qui lui manquait, Thevet avait une extrême curiosité, une véritable passion de connaître, qui s’étendait à tout, aux livres, aux médailles, aux monuments, aux plantes et aux animaux. Il aimait les Singularités, pour employer son langage, non pas seulement les objets extraordinaires, mais plus encore les objets rares ou peu connus. Ce fut un collectionneur de haute volée. S’il eut vécu de nos jours, il aurait été possédé de la manie du bric-à-brac. On peut lui refuser le discernement, mais non ce goût des recherches patientes, cette admiration naïve pour les œuvres artistiques de toutes les époques, cet enthousiasme de bon aloi pour les savants et pour la science, qui font d’André Thevet un personnage, dont on pourra médire, mais qu’on n’aura pas le droit de dédaigner.

Thevet prit de bonne heure l’habit de Cordelier et étudia la théologie. Il ne paraît pas que la scholastique et les argumentations de l’école aient eu pour lui beaucoup d’attraits, ni même qu’il ait toujours

  1. Cette fine remarque est de M. Ferdinand Denis. Cf. l’intéressante notice qu’il a consacrée à Thevet. Lettre sur l’introduction du tabac en France, 1851.