Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/155

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autrement communiquer ensemble, pour la defiance qu’ils ont les uns des autres, comme les Turcs et Arabes et quelques sauuages de l’Amerique auec leurs voisins, laissent au lieu denommé le sel et or, porté là de chacune part. Cela fait se transporteront au lieu ces Ethiopes de la Guinée, où s’ils trouuent de l’or suffisamment pour leur sel, ils le prennent et emportent, sinon ils le laissent. Ce que voyans les autres, c’est asçauoir leur or ne satisffaire, y en adiousteront iusques à tant que ce soit assez, puis chacun emporte ce qui lui appartient. Entendez dauantage que ces noirs de deça, sont mieux appris et plus civils que les autres, pour la communication qu’ils ont auec plusieurs marchans qui vont traffiquer par dela : aussi allechent les autres à traffiquer de leur or, par quelques menues hardes, comme petites camizoles et habillemens de vil pris, petits cousteaux et autres menues hardes et ferrailles. Trafique d’iuoire. Aussi traffiquent les Portugais[1] auec les Mores de la Guinée, outre les autres choses d’iuoires, que nous appellons dents d’Elephâs :

    remontent sur leur navire et font une grande fumée. Les habitants, à l’aspect de la fumée, se rendent auprès de la mer, et, pour prix des marchandises, ils déposent de l’or, puis ils se retirent au loin. Les Carthaginois reviennent, examinent, et, si l’or leur semble l’équivalent des marchandises, ils l’emportent et s’en vont. S’il n’y en a pas assez, ils retournent à leur navire, et restent en place. Les naturels approchent et ajoutent de l’or, jusqu’à ce qu’ils les aient satisfaits. » — Cf. Léry. § 15.

  1. Les Français et surtout les Dieppois, se livraient également à ce commerce. Voir Vitet. Histoire de Dieppe. — Estancelin. Navigations des Normands.