Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/211

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morceaux, et puis les plantast en terre : ce qu’elle fist : et depuis ont ainsi de père en fils tousiours côtinué. Ce que leur a biê succédé tellement qu’à présent ils en ont si grande abondance, qu’ils ne mangent gueres autre chose : et leur est cela commun ainsi que le pain à nous : d’icelle racine s’en trouue deux espèces, de mesme grosseur. La première en cuisant devient iaulne comme un coing : l’autre blanchâtre. Et ces deux espèces ont la feuille semblable à la manne : et ne portêt iamais graine. Parquoy les Sauuages replantent la mesme racine couppée par rouelles, comme l’on fait les raues par deçà, que l’on met en sallades, et ainsi replantées multiplient abondamment. Et pour ce qu’elle est incognuë à noz médecins et arboristes de par deçà, il m’a semblé bon vous la représenter selon son naturel.

L’Amérique premieremêt descouuerte en l’ânée 1497. Lors que premièrement ce pais fut descouuert, ainsi que desia nous auons dit, qui fut l’an mil quatre cens nonante sept[1], par le commandement du Roy de Castille, ces Sauuages estonnez de voir les chrestiens de ceste façon, qu’ils n’auoient jamais veùe, ensemble leur manière de faire, ils les estimoyent comme prophètes, et les honoroyent[2] ainsi que

  1. Double erreur de Thevet : L’Amérique fut découverte, ou du moins retrouvée par Colomb en 1492, et non en 1497. De plus c’était Isabelle de Castille et nullement son mari Ferdinand qui avait pris l’initiative de l’expédition.
  2. Sur ce naïf empressement des sauuages Américains auprès des premiers Européens qu’ils virent, les voyageurs sont unanimes. Voir, entre autres, Colomb. Journal de son Voyage. Passim.