Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/233

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pieds de largeur, et de longueur une brasse, un pié et quatre doigts : ce que ie puis asseurer de vérité. I'en ay veu quasi de ceste mesme espèce en Égypte et en Damas retournant de Ierusalem : toutesfois la fueille n'approche à la moitié près en grandeur de celles de l'Amérique. Il y a dauantage grande différence au fruit : car celuy de cest arbre, dont nous parlons, est de la longueur d'un bon pié : c'est à sçauoir le plus long, et est gros comme un concombre y retirant asses bien quant à la façon.

Pacoa, fruit. Ce fruit qui nomment en leur langue Pacona, est tresbon, venu en maturité, et de bonne côcoction. Les Sauuages le cuillent auant qu'il soit iustement meur, lequel ils portent puis après en leurs logettes, comme l'on fait les fruits par deçà. Il croist en l'arbre par monceau trente ou quarante ensemble, et tout auprès l'un de l'autre, en petites branches qui sont près du tronc : comme pouuez voir par la figure que i'ay fait représenter cy dessous.

Et qui est encore plus admirable, cest arbre ne porte jamais fruit qu'une fois. La plus grâd part de ces Sauuages, iusques bien auant dans le pais, se nourrist de ce fruit une bonne partie du têps, et d'un autre fruit, qui vient par les champs, qu'ils nomment Hoyriri, lequel à voir pour sa façon et grandeur l'on estimeroit estre produit en quelque arbre : toutesfois il croist en certaine herbe, qui porte fueille semblable à celle de palme tant en lôgueur que largeur. Ce fruit est long d'une paulme, en façon d'une noix de pin, sinon qu'il est plus long. Il croist au milieu des fueilles, au bout d'une verge toute ronde : et dedans