Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/245

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chanceté, et se faire honorer entre les autres, ne demeurent ordinairement en un lieu. Ains sont vagabonds, errans çà et là par les bois et autres lieux, ne retournans point auecques les autres, que bien rarement et à certaines heures, leur faisans entendre qu’ils ont communiqué auecques les esprits, pour les affaires du public, et qu’il faut faire ainsi et ainsi, ou qu’il aduiendra cecy ou cela : et lors ils sont receus et caressez honorablement, estants nourris et entretenuz sans faire autre chose : encore s’estiment bien heureux ceux là qui peuuent demeurer en leur bonne grace, et leur faire quelque present. S’il aduient pareillement qu’aucun d’entre eux aye indignation ou querelle contre son prochain, ils ont de coustume de se retirer vers ses Pagès, affin qu’ils facent mourir par poison celuy ou ceux ausquels ils veulent mal. Entre autres choses, ils s’aident d’un arbre nommé en leur langue Ahouaï[1], portant fruit veneneus et mortel, lequel est de la grosseur d’une chastaigne moyêne, et est vray poison, specialement le noïau. Les hommes pour legere cause estant courroucez cotre leurs femmes leur en donnent, et les femmes aux hommes. Mesmes ces malheureuses femmes, quand elles sont enceintes, si le mary les a faschées, elles prendront au lieu de ce fruit, certaine herbe pour se faire auorter. Ce fruit blâc auec son noïau est fait comme un Δ delta, lettre

    si nous les regardions comme de simples imposteurs. » La plupart d’entre eux ne sont pourtant que des charlatans. Cf. Hans Staden. P. 284. — Thevet. Cosm. Univ. P. 915-916.

  1. Thevet. Cosm. Univ. P. 922. — Léry. § xiii.