Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/321

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nômé Gonabuch[1], Gonambuch, fort petit. qui n’est pas plus gros qu’un petit cerf volant, ou une grosse mousche : lequel oyseau neantmoins qu’il soit petit, est si beau à le voir, qu’il est impossible de plus. Son bec est longuet et fort menu, et sa couleur grisâtre. Et combien que ce soit le plus petit oyseau, qui soit (côme ie pense) soubs le ciel, neantmoins il chante merueilleusement bien et est fort plaisant à ouyr. Ie laisse les oyseaux d’eau douce et salée, qui sont tous differens à ceux de par deçà, tant en corpulence qu’en varieté de plumages. Ie ne doute, Lecteur, que noz modernes autheurs des liures d’oyseaux, ne trouuent fort estrange la description que i’en fais, et les pourtraits que ie t’ai représentez. Mais sans honte leur pourras reputer cela à la vraye ignorance qu’ils ont des lieux, lesquels ils n’ont iamais visité, et la petite congnoissance qu’ils ont pareillement des choses estrangeres. Voyla donc le plus sommairement qu’il m’a esté possible, d’escrire des oyseaux de nostre France Antarctique, et ce que pour le temps que nous y auons seiourné, auons peu obseruer.

  1. Thevet. Cosm. univ. P. 939. Charmante description de Léry : « Ayant le bec et gosier touiours ouuert, si on ne l’oyoit et voyoit par experience, on ne croiroit iamais que d’un si petit corps il peut sortir un chant si franc et si haut, voir diray si clair et si net qu’il ne doit rien au rossignol. »