Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/374

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hoc, qui sont grosses comme le bras, longues d’un pié et demy, ou deux piés : et sont tortues et obliques communément. Et est ceste racine d’un petit arbrisseau, haut de terre enuirõ quatre piez, les fueilles sont quasi semblables à celles que nous nommons de par deça, Pataleonis, ainsi que nous demonstrerons par figure, qui sont six ou sept en nombre : au bout de chacune branche, est chacune fueille longue de demy pié, et trois doigts de large. Maniere de faire ceste farine de racines. Or la maniere de faire ceste farine est telle. Ils pilent[1] ou rapẽt ces racines seches ou verdes auecques une large escorce d’arbre, garnie toute de petites pierres fort dures, à la maniere qu’on fait de par deça une noix de muscade : puis vous passẽt cela, et la font chauffer en quelque vaisseau sur le feu auec certaine quantité d’eau : puis brassent le tout, en sorte que ceste farine deuiẽt en petis drageons, comme est la manne grenée, laquelle est merueilleusement bonne quand elle est recente, et nourrist tres bien. Et deuez penser que depuis le Peru, Canade, et la Floride, en toute ceste

  1. Léry. § ix. « Apres les auoir faits secher au feu sur le boucan, ou bien quelques fois les prenans toutes vertes, à force de les raper sur certaines petites pierres pointues, fichees et arrengees sur une piece de bois plate, elles les reduisent en farine laquelle est aussi blanche que neige… apres cela et pour l’apprester ces femmes Brésiliennes ayans de grandes et fort larges poesies de terre… les mettans sur le feu, et quantité de cette farine dedans : pendant que elle cuict elles ne cessent de la remuer auec des courges miparties. » Cf. Sur la culture du manioc, Hans Staden. Ouv. cit., p. 251. — Gandavo. Santa Cruz. P. 52, 55. — Thevet. Cosmographie universelle. P. 948.