Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/422

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nous estoit aisé d’en charger noz nauires. Toutefois il ne nous fut possible de recouvrer eau douce, ioint que n’entrames auant dans le pa1s : Commoditez de l’isle des Rats. Au surplus elle est tresbelle, enrichie de beaux arbres verdoyans la meilleure part de l’ânée, ne plus ne moins qu’un verd pré au mois de may, encore qu’elle soit pres de la ligne à quatre degrez. Que ceste isle soit habitable n’est impossible, aussi bien que plusieurs autres en la mesme Zone : comme les isles Saint Homer, sous l’Equinoctial et autres. Et si elle estoit habitée, ie puis veritablement asseurer, qu’on en feroit un des plus beaux lieux qui soit possible au monde, et riche à l’equipolent. On y feroit bien force bon sucre, espiceries, et autre chose de grand emolument. Zone entre les tropiques habitable. Ie sçay bien que plusieurs cosmographes ont eu ceste opinion, que la Zone[1] entre les tropiques estoit inhabitable, pour l’excessive ardeur du soleil : toutefois l’expérience monstre le contraire, sans plus longue contention : Tout ainsi que les Zones aux deux poles pour le froid. Herodote et Solin affirment que les monts Hyperborées sont habitables, et pareillement le Canada, approchant fort du Septentrion, et autres païs encores plus pres, enuiron la mer glaciale, dont nous auons desia parlé. Pourquoy sans plus en disputer, retournons à nostre isle des Rats. Ce lieu est à bon droit ainsi nommé, pour l’abondance des rats qui viuent là, dont y a plusieurs especes. Une entre les autres, que mangêt[2] les Sauuages de l’Amerique, nommez en

  1. Thevet se répète : Voir plus haut, § xix.
  2. Léry. § x. « Ils prennent semblablement par les bois certains rats, gros comme escurieux, et presque de mesme poil