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CHAPITRE LXIX.

Departement de nostre equateur, ou equinoctial


Ie pense qu’il n’y a nul homme d’esprit qui ne sçache que l’equinoctial ne soit une trasse ou cercle, imaginé par le milieu du monde, de Leuant en Ponent, en egale distance des deux : tellement que de cest equinoctial iusques à chacun des Poles y a nonnante degrez, comme nous auons amplement traicté en son lieu. Et de la temperature de l’air, qui est là enuiron, de la mer, et des poissons : reste qu’en retournant en parlions encores un mot, de ce que nous auons omis à dire. Depart de l’auteur de l’Equinoctial. Passans donc enuiron le premier d’Auril, auec un vent si propice, que tenions facilement nostre chemin au droit fil, à voiles depliees sans en decliner aucunemêt, droit au Nort, toutefois molestez d’une autre incommodité c’est que iour et nuit ne cessoit de plouuoir : ce que neantmoins nous venoit aucunement à propos pour boire, consideré la necessité que l’espace de deux moys et demy, auions enduré de boire, n’ayant peu recouurer d’eau douce. Et Dieu sçait si nous ne beumes pas nostre saoul, et à gorge depliée, veu les chaleurs excessives qui nous bruloyent. Certaine eau de pluye vitieuse. Vray est que