Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/436

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les espaules ornées par singularité de grandes pieces de fin or, luisantes et bien polies, riches toutefois sur tous les autres du Peru, aux parolles duquel ie croirais plus tost que non pas à plusieurs Historiographes de ce temps, qui escriuent par ouyr dire, côme de nos gentilz obseruateurs, qui nous viennent rapporter les choses qu’ils ne virent onques. Il me souuièt à ce propos[1] de ceux qui nous ont voulu persuader, qu’en la haute Afrique auoit un peuple portant oreilles pendantes iusques aux talons : ce qui est manifestement absurde. Canar, region fort froide. La cinquieme prouince est Canar, ayant du costé de Ponent la mer du Su, contrée merueilleusemêt froide, de maniere que les neiges et glaces y sont toute l’année. Et combien qu’aux autres regiôs du Peru le froid ne soit si violent, et qu’il y vienne abondance de plus beaux fruits, aussi n’y a il telle temperature en esté : car es autres parties en esté l’air est excessiuement chaud, et mal têperé, qui cause une corruption, principalement es fruits. Aussi que les bestes veneneuses ne se trouuent es regions froides, comme es chaudes. Parquoy le tout consideré, il est mal aisé de iuger, laquelle de ces contrées doit estre preferée à l’autre : mais en cela se faut resoudre que toute commodité est accompagnée de ses incommoditez. Prouince de Calao. Encores une autre nommée Colao[2], en laquelle se fait plus de traffique qu’en autre contrée du Peru : qui est cause que pareillement est beaucoup plus peuplée. Elle se

  1. Pline. H. N. iv, 27.
  2. Colao correspond sans doute au Callao.