Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/507

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ports de Corinthe. Et pour dire en bref, ce trèblement se fait quelquefois de telle véhémence, que outre les inconueniens prédits, il fait isles de terre ferme côme il a fait de Sicile, et quelques lieux en Syrie et autres. Il unist quelquefois les isles à la continente, comme Pline dit estre aduenu de celles de Doromisce[1], Perne en Milette : ayât mesme fait qu’en la vieille Afrique plusieurs plaines et lieux châpestres, se voyent auiourd’huy reduits en lacs. Aussi recite Seneque[2] qu’un troupeau de cinq cens ouailles et autres bestes et oyseaux, furent quelquefois engloutis et perdus par un tremblement de terre. Pour ceste raison ils se logent (la plus grande part) près des riuages pour euiter ce trèblement, bien informés par expérience et nô de raison, que les lieux marescageux ne sont subiects à tremblemês, côme la terre ferme : et de ce la raison est bien facile à celuy qui entendra la cause du trèblement cy deuât alléguée. Têple de Diane en Ephese, pourquoy fondé en lieu de marais. Voyla pourquoy le très riche et renômé temple de Diane, en Ephese, qui dura plus de deux cens ans, basti si sumptueusement, qu’il meritoit estre nôbré entre les spectacles du monde, fut assis sur pillotis en lieu de marais, pour n’estre subiet à tremblement de terre, iusques à tât qu’un certain follastre nommé Heluidius[3], Ou côme veulent aucuns, Eratosthenes, pour se faire cognoistre et parler de luy, y mist le

  1. Pline. Hist. nat. ii, 91. Dromiscus et non Doromisce.
  2. Sénèque. Questions naturelles. vi, 1.
  3. Double erreur de Thevet. Ce n’est ni Helvidius, ni Eratosthenes, mais Erostrate qui mit le feu au temple d’Ephèse.