pescher les morues, que nous mâgeons par deça. Ce peuple maritime ne vit gueres d’autre chose que de poisson de mer, dont ils prennent grande quantité, specialement de loups marins, desquels ils mangent la chair, qui est tresbône. Huile de gresse de poisson. Ils font certaine huile de la gresse de ce poissô, laquelle deuient apres estre fondue, de couleur roussatre, et la boiuent au repas côme nous ferions par deça du vin ou de l’eau. De la peau de ce poisson grande et forte, côme de quelque grand animal terrestre, ils font manteaux et vestemês à leur mode : chose admirable, qu’en un element si humide que cestuy là, qui est l’humidité mesme, se puisse nourrir un animal, qui aye la peau dure et seche, comme les terrestres. Ils ont semblablemêt autres poissons vestus de cuir assez dur, côme marsouins et chiens de mer : les autres reuestus de coquilles fortes, côme tortues, huitres et moulles. Au reste ils ont abondance de tous autres poissons, grâds et petis, desquels ils viuent ordinairement. Superstition de diuerses nations du Leuât. Ie m’esbahis que les Turcs, Grecs, Iuifs, et diuerses autres nations du Leuât ne mangent point de dauphins, ny de plusieurs autres poissons, qui sont destituez d’escailles, tant de mer, que d’eau douce, qui me fait iuger que ceux cy sont plus sages, et mieux auisez de trouuer le goust des viandes plus delicates, que non pas ou les Turcs, ou Arabes, et autre tel fatras de peuple superstitieux. En cest endroit se trouuêt des balenes (i’entens en la haute mer, car tel poisson ne s’approche iamais du riuage) qui ne viuêt que de tels petis poissôs[1]. De quels poissons vit la balene. Toutesfois le poissô qu’or-
- ↑ Les baleines se nourrissent surtout d’un frêle crustacé,