Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/513

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endroit où conuerse la balene, se trouue le plus souuent un poisson, qui luy est perpetuel ennemy : Poisson ennemy naturel de la balene. de maniere que s’approchât d’elle, ne fera faute de la piquer soubs le ventre[1] (qui est la partie la plus mollette) auecques sa langue trenchante et ague, comme la lancette d’un barbier : et ainsi offensée, à grâd difficulté se peut sauuer, qu’elle ne meure, ainsi que disent les habitans de Terre neuue, et les pescheurs ordinaires. En ceste mer de Terre neuue se trouue une autre espece de poisson, que les Barbares du païs nomment Hehec, ayât le bec côme un perroquet et autres poissons d’escaille. Il se trouue en ce mesme endroit abondance de dauphins, qui se môstrent le plus souuent sus les ondes, et à fleur de l’eau, sautâs et voltigeans par dessus : Presage des tempestes. ce qu’aucuns estimêt estre presage de tourmêtes et tempestes, auec vês impetueux de la part dôt ils viennent, côme Pline recite et Isidore en ses Etymologies, de ce que aussi l’experience m’a rendu plus certain, que l’autorité ou de Pline, ou autre des anciês. Sâs eslongner de propos, aucuns ont escrit qu’il y a cinq especes de presage et prognostic des tempestes futures sus la mer, côme Polybius estât auecques Scipion Aemilian en Afrique. Au surplus y a abondâce de moulles fort grosses. Animaux estrâges. Quant aux animaux terrestres, vous y en trouuerez un grand nombre, et bestes fort sauuages et dangereuses, côme gros ours, lesquels presque tous sont blâcs. Et ce que ie dy des bestes s’estend iusques aux oyseaux desquels le plumage presque tire sur le

  1. Pline. H. N. ix, 5.