Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/88

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s’assemblent pour faire le voyage auec toutes muniMecha. tions, côme s’ils vouloyent aller en guere, pour les incursions des Arabes, qui tiennent les montagnes en certains lieux. Quelles assemblées ay-ie veu, estant au Caire, et la magnificence et triomphe que lon y fait ! Cela observêt encores plus curieusemêt et estroittemêt les Mores d’Afrique, et autres Mahometistes, tant sont ils aueuglez et obstinez : qui m’a donné occasion de parler en cest endroit des Turcs, et du voyage, auàt qu’entreprendre la guerre, ou autre chose de grande importance. Et quàd principalement le moyê leur est osté de faire ce voyage, ils sacrifient quelque beste sauuage ou domestique, ainsi qu’il se rencontre : Corban. qu’ils appellent tât en leur langue qu’en Arabesque, Corban, dictiô prise des Hebreux et Chaldées, qui vaut autant à dire, côme present, ou offrâde. Ce que ne font les Turcs de Leuant, mesmes deuant Constantinoble. Ils ont certains prestres, les plus gràds imposteurs du monde : ils font croyre et entendre au vulgaire, qu’ils sçavent les secrets de Dieu, et de leur Prophete, pour parler souuêt auecques eux. D’auàtage ils usent d’une maniere d’escrire fort estrange, et s’attribuêt le premier usage d’escriture, sur toutes autres nations. Les Egyptiês premiers inuenteurs des lettres et caractères. Ce que ne leur accordent iamais les Egyptiens, ausquels la meilleure part de ceux qui ont traité des antiquitez, donnent la premiere inuention descrire, et representer par quel-

    Caire, mais même à Constantinople. Thevet les a décrites dans sa Cosmographie du Levant. Cf. Thevenot. Voyages. T. i et ii, passim.