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pour la quantité de bestes sauuages, comme Lions, Tigres, Dragons, Leopards, Buffles, Hyenes, Pantheres, et autres, qui contraignêt les gens du païs aller en troupes à leurs affaires et trafiques, garnis d’arcs, de flèches, et autres bastons pour soy defendre. Que si quelquefois ils sont surpris en petit nombre, côme quand ils vont pescher, ou autrement, ils gaignent la mer, et se iettâs dedans se sauuent à bien nager : à quoy par contrainte se sont ainsi duits et accoustumez. Les autres n’estans si habiles, ou n’ayans l’industrie de nager, môtent aux arbres, et par ce mesme moyê euitent le danger d’icelles bestes. Faut aussi noter que les gês du païs meurêt plus souuent par rauissement des bestes sauuages, que par mort naturelle : et ce depuis Gibaltar iusques au cap Verd.

Religion et ceremonies des Barbares. Ilz tiennent la malheureuse loy de Mahomet, encore plus superstitieusement que les Turcs naturels. Auant que faire leur oraison aux têples et mousquées, ils se lauent entierement tout le corps, estimans purger l’esprit ainsi côme le corps par ce lauement exterieur et cerimonieux auec un elemêt corruptible. Et est l’oraison faicte quatre fois le iour, ainsi que i’ay veu faire les Turcs à Constâtinoble. Mecha sepulchre de Mahomet. Au têps passé que les Payens eurent premieremêt et auant tous autres receu ceste damnable religion, ils estoyent côtraints une fois en leur vie faire le voyage de Mecha, où est inhumé leur gêtil Prophète : autrement ils n’es— sepuiehre de peroyêt les delices, qui leur estoyêt promises. Voyage des Turcs en Mecha. Ce qu’obseruent encores auiourd’huy[1] les Turcs et des

  1. Ces grandes caravanes se font encore non seulement au