et subiugué la plus grand part de l’Afrique, sans toucher à ces isles, comme ils firent en la mer Mediterranée, consideré qu’elles sont merueilleusement fertiles, seruant à present de grenier et caue aux Espagnols, ainsi que la Sicile aux Romains et Genevois. Bôté des isles Canaries. Or ce païs tres bô de soy estàt ainsi bien cultiué raporte gràds reuenuz et emolumens, et le plus en sucres : car depuis quelque temps ils y ont planté force cannes, qui produisent sucres en grande quantité, et bons à merueille : et non en ces isles seulement, mais en toutes autres places qu’ils tiennent par de là : Sucre de Canarie. toutesfois il n’est si bon par tout qu’en ces Canaries. Et la cause qu’il est mieux recueilly et desiré, est que les isles en la mer Mediterranée, du costé de la Grece, comme Mettelin, Rhodes, et autres esclades rapportans tres bons sucres, auàt qu’elles fussent entre les mains des Turcs, ont esté demolies par negligence, ou autrement. Sucre de Égypte.Et n’ay veu en tout le païs de Leuàt faire sucre, qu’en Égypte : et les cannes, qui le produisent, croissent sur le riuage du Nil lequel aussi est fort bien estimé du peuple et des marchans, qui en traffiquent autant et plus que de celuy de noz Canaries. Sucre de Arabie. Les Anciens[1] estimerent fort le sucre de l’Arabie, pour ce qu’il estoit merueilleusement cordial et souuerain specialement en medicines, et ne l’appliquoyent gueres à autres choses : mais auiourd’huy la volupté est augmentée iusques là, specialement en nostre Europe, que lon ne sçau-
- ↑ Pline. H. N. xii, 17. Saccharum et Arabia fert, sed laudatius India : est autem mel… ad medicinæ tantum usum.