Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/97

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seaux, que l’on nomme papier, et ausdits fleuues des poissons nommez silures[1], que Paulus Ionius en son liure des Poissons, pense estre esturgeons, dont se repaissent les pauures esclaues, suans de trauail à longue haleine, le plus souuent à faulte de meilleure viande : et diray ce mot en passant, qu’ils sont fort durement traitez des Espagnols, principalement Portugais, et pis que s’ils estoient entre les Turcs, ou Arabes. Et suis côtraict d’en parler, pour les auoir ainsi veu maltraicter. Oriselle, herbe. Entre autres choses se trouue une herbe contre les montaignes, appellée vulgairement Oriselle, laquelle ils recueillêt diligemmêt pour en faire teinture. Bré, gomme et la maniere de la faire. En outre ils font une gomme noire qu’ils appellêt Bré, dont a grande abondance en la noire Teneriffe. Ils abatent des pins, desquels y a grande quantité : et les rôpêt en grosses busches iusques a dix ou douze chartées, et les disposent par pieces l’une sur l’autre en forme de croix : et dessoubs cest amas y à une fosse rôde de moyenne profondité, puis mettent le feu en ce bois presque par le couppeau du tas : et lors rend sa gomme qui chet en ceste fosse. Les autres y procedent auecques moindre labeur, la fosse faicte mettans le feu en l’arbre. Ceste gomme leur rapporte grands deniers pour la traffique qu’ils en font au Peru, de laquelle ils usent à callefeutrer nauires, et autres vaisseaux de marine, sans l’appliquer à autre chose. Bois flàbant, en usage au lieu de châdelle. Quant au cueur de cest arbre tirant sur couleur

  1. D’après Bory De Saint-Vincent (p. 364), il n’y aurait pas aux Canaries de poissons d’eau douce. Cet ouvrage de Paolo Giovio est intitulé : De Romanis piscibus libellus. Rome, 1524-1527.